L’impact de la surdité sur les capacités cognitives 

Notre oreille nous permet de capter les sons, qu’elle transmet ensuite au cerveau. C’est donc l’interprétation du cerveau des sons captés par notre oreille qui nous permet d’entendre. Mais le vieillissement peut affecter le cerveau, organe essentiel du corps humain, avec pour conséquence directe une déficience auditive. Une telle déficience est susceptible d’entrainer de la démence sénile. Il est donc nécessaire d’effectuer une prise en charge précoce de ses problèmes auditifs, afin d’atténuer les risques de démence encourus.

Presbyacousie, la surdité liée à l’âge

En France, le nombre de personnes malentendantes est estimé à 6 millions. Une donnée qui ne va pas aller en s’améliorant, car les projections d’ici 2050 estiment qu’une personne sur 10 souffrira de déficience auditive invalidante. Parmi les troubles les plus fréquents, on recense la presbyacousie.

La presbyacousie est un trouble auditif qui se traduit par le déclin progressif et constant de l’audition, qui se manifeste par une difficulté à distinguer les sons les plus aigus. Elle est généralement liée à l’âge, et est générée par le vieillissement naturel de l’oreille interne. Elle n’exclut toutefois pas d’autres causes, comme la surexposition au bruit, ou certains traumatismes, ainsi que des antécédents dus à des otites. Bien souvent, la perte auditive constatée est de 0,5 décibel en moyenne par an, à partir de 65 ans. Dès 75 ans, ce phénomène s’accélère, avec la perte d’un décibel chaque année, pour passer à deux décibels par an à l’âge de 85 ans. Ce phénomène altère la compréhension de la parole : la personne qui en est atteinte entend mais ne comprend pas ce que son interlocuteur lui dit. La presbyacousie conduit ainsi à l’isolement social et peut être source de dépression et de diminution des capacités cognitives.

Comment la déficience auditive affecte-t-elle le cerveau ?

Lorsqu’un sens ne fonctionne plus correctement, il fait parvenir moins de stimulations au cerveau. C’est ce qu’on appelle la privation sensorielle. Cette dernière est définie comme une absence de stimulation des organes des sens par les agents extérieurs, ce qui est susceptible d’entraîner divers troubles. Il faut savoir ensuite que certaines zones du cerveau sont dédiées à l’analyse des sons, et sont étroitement reliées aux autres zones du cortex cérébral. L’audition stimule ainsi naturellement le cerveau. Dans le cas d’une perte auditive, l’oreille envoie moins d’informations au cerveau qu’à l’accoutumée, qui se retrouve alors privé de certains sons. Étant par conséquent moins stimulé par son environnement, il y a un risque que le cerveau devienne alors “sous-utilisé”. Moins stimulé, le cerveau peut rencontrer une baisse de ses capacités et le risque de déficience cognitive devient plus grand.

Une étude française appelée PAQUID, publiée en 2012, a permis d’établir un lien entre perte auditive, port d’un appareil auditif et déclin cognitif. L’impact de la baisse d’activité cérébrale due à la perte auditive sur la santé favorise :  

  • Les troubles de la mémoire ;  
  • Les problèmes de réflexion.

Les conséquences sociales d’une telle perte sont dévastatrices sur l’aptitude d’une personne à évoluer en société, s’instruire, communiquer ou même travailler. Toutes les interactions du quotidien, nécessaires à l’entretien intellectuel peuvent se voir réduites considérablement, et entraîner un isolement, ainsi qu’une perte d’autonomie.

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Existe-t-il un lien entre la perte auditive et la démence/Alzheimer ?

En plus de troubles de la mémoire et des problèmes de réflexion, les personnes atteintes d’une perte auditive sont plus susceptibles de développer une démence et la maladie d’Alzheimer que des personnes avec une audition normale. 

 Entre 2004 et 2007, une étude appelée AcouDem a été menée par le Groupe de Recherche Alzheimer Presbyacousie (le GRAP). Son but ? Démontrer que la presbyacousie est un facteur de risque de démence.  

 Pour cela, les chercheurs sont partis du postulat que la mémoire est alimentée par les informations que lui procurent les sens, et surtout l’audition. Si ce dernier devient défaillant, comme dans le cas de la presbyacousie, la mémoire n’est plus autant sollicitée. Or, les tout premiers symptômes de la maladie d’Alzheimer sont basés sur les souvenirs récents. Cette étude a été réalisée auprès de 319 personnes de plus de 75 ans qui vivent en institution depuis au moins 1 mois. Un peu plus de 50% souffrait de presbyacousie avec gêne sociale et 61 % de troubles cognitifs. Les résultats de cette enquête ont permis de conclure que les personnes de plus de 75 ans ont 2,5 fois plus de risque de développer la maladie d’Alzheimer que celles qui entendent correctement. 

Le lien entre le déclin auditif et le risque d’Alzheimer et de démence en chiffres :

Une perte auditive de 25 décibels, dite légère, provoque deux fois plus de risques de développer une démence. 

 Pour chaque hausse de 10 décibels de la perte auditive, le risque supplémentaire encouru de démence augmente de 20%.  

 Pour les personnes de plus de 60 ans, 36% de leur risque de démence est associé à une perte auditive.

L’importance de faire régulièrement des tests auditifs

Pour reprendre les résultats de l’étude épidémiologique PAQUID, à partir du moment où la personne s’équipe d’aides auditives, ses capacités cognitives et ses compétences communicatives sont restaurées. L’étude argumente donc en faveur « d’un dépistage et d’une prise en charge des troubles de l’audition chez la personne âgée ». Se munir d’aides auditives permet ainsi de ralentir le vieillissement du cerveau et d’avancer en meilleure santé dans l’âge. Un cercle vertueux qui aide à préserver ses capacités mentales, son indépendance, sa vie sociale, familiale et professionnelle et ainsi conserver un cerveau actif. 

Afin de dépister et de traiter une perte auditive, il est donc nécessaire de réaliser des tests auditifs.  

 Si vous en ressentez le moindre besoin, n’hésitez pas à aller consulter pour tester votre audition !

En cas de démence / Maladie d’Alzheimer

Si un proche fait preuve de signes de démence, conseillez-lui (voire accompagnez-le) de faire vérifier son audition dès que possible, et donc de passer un test auditif. On pense parfois à tort que les symptômes de perte auditive non diagnostiqués sont les symptômes d’Alzheimer. Ce n’est pas le cas.   

 Pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, la perte d’audition peut aggraver les symptômes. Comme nous l’expliquions ultérieurement, une déficience auditive entrave la communication. Cela a pour conséquence d’aggraver les sentiments de confusion, d’isolement et de paranoïa. 

Publié le 26/11/2021 par (dernière mise à jour le 02/07/2023)

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